vendredi 12 avril 2019

Massargues

Le 30 mars 2019, à St Quentin la Poterie, conférence de Samuel Longepierre, archéologue,  au sujet de Massargues, lieu-dit de St Quentin.
Ci-dessous un copier-coller d'un article (et photos) de Catherine Mille du Midi-Libre.



Le bourg au bois dormant
Midi-Libre Publié le 31/03/2019 à 03:23 / Modifié le 31/03/2019 à 03:23
La première maison fouillée : cette découverte a passionné le public, venu en nombre écouter Samuel Longepierre.
      

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Saint-Quentin-la-Poterie. Samuel Longepierre, archéologue, a découvert Massargues, un site de 3 ha enfoui sous la végétation.

L’histoire de Massargues, un bourg médiéval disparu et oublié sous la végétation pendant plus de huit siècles, a visiblement passionné les habitants de Saint-Quentin et de l’Uzège. La salle polyvalente était pleine à craquer pour écouter le récit de Samuel Longepierre, archéologue de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) sur la campagne de fouilles qu’il a mené bénévolement cet été avec des étudiants en archéologie. Une campagne qui a pu se faire grâce à divers soutiens financiers et logistiques : ONF, Département, Drac, centre culturel de St-Quentin, association Le Transfo et même avec des prêts d’outils de la part d’une grande surface de bricolage !

Une " bien étrange découverte" a annoncé en préambule de la conférence, le maire Yvon Bonzi.
Samuel Longepierre est originaire de Flaux et connaît particulièrement bien le secteur. Dans les années 2000, alors qu’il travaillait sur les carrières de meules, il a observé, "en prospectant la garrigue dans des bois quasi impénétrables, au nord de St-Quentin, des blocs de pierre sur une surface de 3 hectares, qui m’ont interpellé. Ils semblaient marquer des angles de murs. J’ai supposé l’existence d’un village médiéval."

En 2004, Samuel Longepierre obtient l’autorisation de faire un petit sondage de 4 m². Et sa supposition se confirme avec la découverte d’une maison et des céramiques du XIIe et XIIIe siècles.
"En 2018, j’ai repris le projet sur l’histoire de ce site, Massargues. En juillet, trois semaines de fouilles ont permis de découvrir un véritable petit bourg de 3 hectares, avec des maisons accolées, une très grande place principale et des axes nord-sud réguliers. Ce qui montre que ce n’est pas un bourg qui a évolué au fil des siècles, mais plutôt une création nouvelle sur le modèle des bastides".
La taille de cette commune est d’ailleurs étonnante : 3 ha, alors qu’à l’époque Saint-Quentin ne faisait que 0,5 ha.

"Ce qui faisait de Massargues sans doute le bourg le plus important après Uzès " poursuit l’archéologue qui a donc cherché à comprendre comment ce bourg est soudainement apparu en pleine garrigue, avec autant de population.

Le bourg disparaît brusquement fin XIIIe

Il émet plusieurs hypothèses et note tout d’abord qu’à l’époque, le site n’était pas isolé, mais au contraire le long d’un axe très fréquenté : " le chemin qui reliait Nîmes à Pont-Saint-Esprit, via Uzès et Bagnols. Une voie importante en termes d’échanges commerciaux mais aussi spirituels, empruntée dans le cadre du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle".
La population pouvait être en lien avec le travail des carrières ou de la terre (à l’époque, le grand centre potier était Saint-Victor-des-Oules).

Samuel Longepierre a également étudié tous les textes évoquant Massargues : "on ne trouve aucun seigneur laïc possédant Massargues. Il est donc possible que le bourg dépende de l’évêque d’Uzès, comme semblent en attester des textes". À l’époque, il existait des bourgs où les populations, en ces temps troublés, se mettaient sous la protection de l’église. Mais il y avait la plupart du temps un monastère. Ce qui ne semble pas être le cas ici.

Samuel Longepierre évoque aussi l’hypothèse d’un mouvement consulaire qui se développe à l’époque : avec une communauté d’habitants réunis dans des bourgs avec une certaine forme d’autonomie. Ces créations ont duré un à deux siècles et disparu courant XIIe siècle.
Ce qui pourrait correspondre avec l’histoire de Massargues qui disparaît brusquement des textes fin XIIIe siècle. Il est assez rare que des bourgs de cette importance n’aient pas perduré dans le temps.
Épidémie, pillages ? Difficile de savoir ce qui est arrivé. Pour Samuel Longepierre, l’explication de cette disparition pourrait bien être politique, l’organisation en consulat étant assimilée à une forme de résistance qui déplaît au royaume.

Une chose semble avérée : Massargues disparaît des textes après 1291 avec un échange de terrains entre les représentants du Roi de France et Bermont d’Uzès. Bermont d’Uzès récupère Massargues et des terres de Remoulins contre les salins d’Aigues-Mortes. " Et là, le bourg disparaît…"

Catherine MILLE

Autre article ci-dessous dans le Républicain d'Uzès du 4 avril 2019



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