Le 30 mars 2019, à St Quentin la Poterie, conférence de Samuel Longepierre, archéologue, au sujet de Massargues, lieu-dit de St Quentin.
Ci-dessous un copier-coller d'un article (et photos) de Catherine Mille du Midi-Libre.
Le bourg au bois dormant
Midi-Libre Publié le 31/03/2019 à 03:23 / Modifié le 31/03/2019 à 03:23
La première maison fouillée : cette découverte a passionné le public, venu en nombre écouter Samuel Longepierre. |
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Saint-Quentin-la-Poterie. Samuel Longepierre,
archéologue, a découvert Massargues, un site de 3 ha enfoui sous la végétation.
L’histoire de Massargues, un bourg
médiéval disparu et oublié sous la végétation pendant plus de huit siècles, a
visiblement passionné les habitants de Saint-Quentin et de l’Uzège. La salle
polyvalente était pleine à craquer pour écouter le récit de Samuel Longepierre,
archéologue de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques
préventives) sur la campagne de fouilles qu’il a mené bénévolement cet été avec
des étudiants en archéologie. Une campagne qui a pu se faire grâce à divers
soutiens financiers et logistiques : ONF, Département, Drac, centre culturel de
St-Quentin, association Le Transfo et même avec des prêts d’outils de la part
d’une grande surface de bricolage !
Une " bien étrange
découverte" a annoncé en préambule de la conférence, le maire Yvon
Bonzi.
Samuel Longepierre est originaire de
Flaux et connaît particulièrement bien le secteur. Dans les années 2000, alors
qu’il travaillait sur les carrières de meules, il a observé, "en
prospectant la garrigue dans des bois quasi impénétrables, au nord de
St-Quentin, des blocs de pierre sur une surface de 3 hectares, qui m’ont
interpellé. Ils semblaient marquer des angles de murs. J’ai supposé l’existence
d’un village médiéval."
En 2004, Samuel Longepierre obtient
l’autorisation de faire un petit sondage de 4 m². Et sa supposition se confirme
avec la découverte d’une maison et des céramiques du XIIe et XIIIe siècles.
"En 2018, j’ai repris le projet
sur l’histoire de ce site, Massargues. En juillet, trois semaines de fouilles
ont permis de découvrir un véritable petit bourg de 3 hectares, avec des maisons
accolées, une très grande place principale et des axes nord-sud réguliers. Ce
qui montre que ce n’est pas un bourg qui a évolué au fil des siècles, mais
plutôt une création nouvelle sur le modèle des bastides".
La taille de cette commune est d’ailleurs
étonnante : 3 ha, alors qu’à l’époque Saint-Quentin ne faisait que 0,5 ha.
"Ce qui faisait de Massargues
sans doute le bourg le plus important après Uzès " poursuit
l’archéologue qui a donc cherché à comprendre comment ce bourg est soudainement
apparu en pleine garrigue, avec autant de population.
Le bourg disparaît brusquement fin XIIIe
Il émet plusieurs hypothèses et note
tout d’abord qu’à l’époque, le site n’était pas isolé, mais au contraire le
long d’un axe très fréquenté : " le chemin qui reliait Nîmes à
Pont-Saint-Esprit, via Uzès et Bagnols. Une voie importante en termes
d’échanges commerciaux mais aussi spirituels, empruntée dans le cadre du chemin
de Saint-Jacques-de-Compostelle".
La population pouvait être en lien avec
le travail des carrières ou de la terre (à l’époque, le grand centre potier
était Saint-Victor-des-Oules).
Samuel Longepierre a également étudié
tous les textes évoquant Massargues : "on ne trouve aucun seigneur laïc
possédant Massargues. Il est donc possible que le bourg dépende de l’évêque
d’Uzès, comme semblent en attester des textes". À l’époque, il
existait des bourgs où les populations, en ces temps troublés, se mettaient
sous la protection de l’église. Mais il y avait la plupart du temps un
monastère. Ce qui ne semble pas être le cas ici.
Samuel Longepierre évoque aussi
l’hypothèse d’un mouvement consulaire qui se développe à l’époque : avec une
communauté d’habitants réunis dans des bourgs avec une certaine forme
d’autonomie. Ces créations ont duré un à deux siècles et disparu courant XIIe
siècle.
Ce qui pourrait correspondre avec
l’histoire de Massargues qui disparaît brusquement des textes fin XIIIe siècle.
Il est assez rare que des bourgs de cette importance n’aient pas perduré dans
le temps.
Épidémie, pillages ? Difficile de savoir
ce qui est arrivé. Pour Samuel Longepierre, l’explication de cette disparition
pourrait bien être politique, l’organisation en consulat étant assimilée à une
forme de résistance qui déplaît au royaume.
Une chose semble avérée : Massargues
disparaît des textes après 1291 avec un échange de terrains entre les
représentants du Roi de France et Bermont d’Uzès. Bermont d’Uzès récupère
Massargues et des terres de Remoulins contre les salins d’Aigues-Mortes. "
Et là, le bourg disparaît…"
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