vendredi 22 février 2019

Prise date (2)

Toujours l'affaire Benalla, aujourd'hui un "copier-coller" d'un sujet France Info qui fait un "petit historique Benalla".

A suivre ! ?

Elysée, Russie, Françafrique, gendarmerie, franc-maçonnerie... Alexandre Benalla, un homme au cœur de multiples réseaux

Le 18 juillet 2018, "Le Monde" révélait que l'ancien chargé de mission à l'Elysée avait violenté un couple lors d'une des manifestations du 1er-Mai. Depuis, les révélations pleuvent autour de ses multiples activités.

Anne Brigaudeau France Télévisions
Insultes antisémites contre Alain Finkielkraut :
le principal suspect placé en garde
à vue à Mulhouse mardi soir
Mis à jour le 20/02/2019 | 09:44
publié le 20/02/2019 | 07:00
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Alexandre Benalla, l\'ancien chargé de mission
de l'Elysée, le 19 février 2019 à Paris.
(GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)


Sa vie pourrait être un scénario de film. A 27 ans, Alexandre Benalla a déjà alimenté de multiples polémiques depuis que Le Monde a révélé, le 18 juillet 2018, qu'il avait molesté des manifestants le 1er mai, place de la Contrescarpe à Paris. Depuis, les scoops s'enchaînent, confirmant les appuis dont a bénéficié l'ancien garde du corps d'Emmanuel Macron.
Alors que le jeune homme a passé sa première nuit en prison pour ne pas avoir respecté son contrôle judiciaire et que la commission des Lois du Sénat présente mercredi 20 février son rapport d'enquête le concernant, France info se penche sur les différentes facettes d'un Alexandre Benalla au centre des sphères de pouvoir. Tentative de recensement à travers les multiples révélations issues principalement du Monde et de Mediapart.

Un agent de sécurité à l'Elysée
A 14 ans, le gamin d'Evreux (Eure) décroche un stage au sein du Service de protection des hautes personnalités. Un an plus tard, il est garde du corps de Marion Cotillard, au Festival du film de Cabourg (Calvados). Le 5 décembre 2016, alors qu'il vient d'avoir 25 ans, il devient responsable de la sécurité de la campagne d'Emmanuel Macron et quitte l'orbite du service d'ordre du Parti socialiste. 
Le 7 mai 2017, lorsque le candidat d'En marche ! remporte la présidentielle, Alexandre Benalla le suit dans l'ombre lors de sa marche triomphale à la pyramide du Louvre. L'ascension du vainqueur sera aussi la sienne. Il a gagné la confiance du nouveau chef de l'Etat en le protégeant lors de sa campagne, mais également lors de ses vacances ou de ses week-ends avec sa femme dans la villa familiale du Touquet (Pas-de-Calais), dont il possédait un jeu de clés, selon Le Point.
Dans la foulée, le jeune Normand devient l'un des dix adjoints au chef de cabinet du président de la République. Mais il sort de son rôle en s'en prenant physiquement à un couple lors d'une des manifestations du 1er-Mai, à laquelle il assiste en tant qu'observateur des forces de l'ordre.
Mais à l'Elysée, quelles sont ses fonctions exactes ? Le 19 juillet 2018, au lendemain des révélations du Monde sur l'identité de l'homme casqué frappant un couple place de la Contrescarpe à Paris, Christophe Castaner, alors porte-parole du gouvernement, le décrit comme un simple collaborateur "en charge de la logistique", s'occupant par exemple "des bagages" des Bleus, souligne le HuffPost. Alexandre Benalla avait en effet accompagné en bus les champions du monde de Roissy à l'Elysée, après leur retour de Moscou (Russie), le 16 juillet.
Mais dès le 23 juillet, Le Monde pilonne la thèse du simple "bagagiste" en affirmant que l'employé de l'Elysée était chargé de réorganiser la protection du président. Il s'agissait en particulier, assure le journal, de "faire passer le groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), composé d'un peu moins de 80 policiers et gendarmes, sous l'autorité unique de l'Elysée". Bien plus qu'un simple adjoint, précise Le Parisien, Alexandre Benalla faisait en réalité "office de garde du corps et conseiller en sécurité" pour Emmanuel Macron.
Et son rôle était jugé suffisamment important pour que la présidence lui attribue en juillet 2018 un prestigieux logement de fonction quai Branly, dans le 7e arrondissement parisien. Un appartement dont il profitera peu puisqu'il sera licencié le même mois. Il bénéficiait aussi, apprendra-t-on ultérieurement, d'une voiture avec chauffeur, d'un badge lui permettant de se rendre à l'Assemblée nationale, d'un téléphone ultra sécurisé Teorem réservé aux communications sensibles et de deux passeports de service et de deux passeports diplomatiques, dont il continuera à se servir après son départ de l'Elysée.
Alexandre Benalla semble si proche du premier cercle d'Emmanuel Macron que la démission du conseiller spécial du président, Ismaël Emelien, le 11 février, interroge l'opposition. Ce proche collaborateur de l'Elysée est soupçonné d'être impliqué dans la diffusion des images de vidéosurveillance du 1er-Mai depuis que l'ex-chargé de mission du président a affirmé aux enquêteurs lui avoir transmis des vidéos obtenues illégalement auprès de la police, destinées à le disculper dans le déroulé des violences du 1er mai 2018. De son côté, Ismaël Emelien a justifié sa démission par la promotion d'un livre qu'il a écrit sur le progressisme, le chef de l'Etat ayant interdit à ses conseillers de publier pendant qu'ils sont en poste à l'Elysée.

Un négociateur de contrats
En ce même printemps 2018, le collaborateur de l'Elysée s'active parallèlement, selon Mediapart, à négocier pour des entreprises privées un contrat de sécurité portant sur la sécurité avec deux oligarques russes (mais sans liens particuliers avec Vladimir Poutine, selon l'AFP Moscou). Le parquet national financier a confirmé le 7 février l'ouverture d'une enquête pour corruption sur celui signé avec Iskander Makhmudov
Des contrats au profit de qui ? De la société Mars, dirigée par son ami Vincent Crase, qui œuvre au même moment à la sécurité du parti La République en marche et de Velours, pour qui l'ex-salarié de l'Elysée avait travaillé en 2014 et qui fera office de sous-traitant. Selon l'ancien policier Jean-Maurice Bernard, directeur de Velours, Alexandre Benalla a négocié l'affaire "de bout en bout" dans un café proche de l'Elysée, et, à l'occasion, dans les locaux du parti présidentiel.
C'est Alexandre Benalla encore, complète Le Canard enchaîné qui "suggère le nom de son ami Chokri Wakrim, sous-officier à l'état-major des forces spéciales et compagnon de la patronne de la sécu de Matignon", parmi les sept "gros bras" dévolus à la protection du Russe. Libération soupçonne aussi le militaire d'être lié à l'affaire du 1er-Mai, même si celui-ci a démenti jeudi 14 février avoir déplacé le coffre-fort de son ami juste avant une perquisition effectuée l'été dernier.
Et c'est enfin Alexandre Benalla qui dirige réellement France Close Protection, la société qui récupère en octobre le contrat signé par Mars, dissous entre temps, selon Le Canard enchaîné. L'hebdomadaire satirique en veut pour preuve les liens de parenté entre "Kevin P.", le fondateur de France Close Protection et Alexandre Benalla. 
Ce jeune homme [Kevin P.] n'est autre que le demi-frère de Benalla, tout juste majeur. "Le Canard enchaîné" du 13 février 2019
A en croire Mediapart, les contrats noués à cette époque vont s'avérer fructueux pour l'ex-conseiller de l'Elysée licencié. Non seulement, il a récupéré le premier contrat, via France Close Protection, mais il "a par ailleurs signé en décembre 2018 un second contrat de sécurité avec un autre oligarque russe, Farkhad Akhmedov, affirme encore le site d'information. Au total, ces contrats s'élèvent à 2,2 millions d'euros. Une partie des fonds a été perçue par Benalla au Maroc." 

Un consultant en affaires africaines
Licencié le 20 juillet de l'Elysée, l'ancien garde du corps ne va pas tarder à rebondir. Plusieurs personnalités influentes de la Françafrique volent à son secours. Le 18 juillet, soir des révélations sur la manifestation du 1er-Mai, la compagne d'Alexandre Benalla se réfugie ainsi avec son bébé, selon Le Monde, chez Pascale Jeannin-Perez, "une discrète femme d'affaires de 56 ans, intermédiaire appréciée par les sociétés qui démarchent l'Afrique ou le Golfe". 
Pendant l'été, le nouveau chômeur séjourne trois jours à Marrakech (Maroc), chez le millionnaire Vincent Miclet, qui a fait fortune en Angola, révèle encore Le Monde. Et le 5 septembre à Londres, où il s'est établi, Alexandre Benalla rencontre Alexandre Djouhri, certes sous contrôle judiciaire dans l'affaire du financement libyen présumé de la campagne de Nicolas Sarkozy, mais connu aussi pour "avoir tissé des réseaux politiques et industriels aux ramifications multiples, du Gabon au Congo-Brazzaville, de l'Algérie à la Guinée équatoriale", souligne Libération.
Sans que l'on sache exactement pourquoi, Alexandre Benalla effectue à partir d'octobre plusieurs voyages vers le continent africain. Il se rend ainsi, selon Le Monde, "au Congo-Brazzaville (...) dirigé depuis plus de trente ans par un autocrate ami de la France, Denis Sassou-Nguesso". Et il est accompagné, par un "homme d'affaires franco-israélien (...) Philippe Hababou Solomon", qui a entrepris "de le former".
Spécialiste de la diplomatie privée en Afrique pour le compte de gouvernements, (...) M. Solomon s'est piqué de former Alexandre Benalla. "Le Monde" du 27 décembre 2018
Début décembre, quelques jours avant la visite d'Emmanuel Macron, Alexandre Benalla débarque au Tchad à bord d'un avion privé et y rencontre, selon Le Monde, "le frère du président tchadien, Oumar Déby, qui pilote la direction générale de la réserve stratégique (DGRS) tchadienne". La coïncidence est si troublante que l'Elysée tient à le préciser : Alexandre Benalla n'est "en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel".
Quant à l'ancien employé de l'Elysée, il assure à L'Express avoir "son propre agenda" et s'être rendu comme "consultant" à N'Djamena  "avec une délégation (...) des grands patrons du Moyen Orient [qui] sont susceptibles de créer 3 000 emplois au Tchad" .  Des voyages facilités par les passeports diplomatiques dont il se servait à l'insu de l'Elysée et du Quai d'Orsay, affirmera le ministère des Affaires étrangères.

Un homme de réseaux
Vincent Crase (à gauche, avec les lunettes de soleil)
et Alexandre Benalla (au centre avec un casque de police),
le 1er mai 2018, place de la Contrescarpe à Paris.
A quel âge Alexandre Benalla a-t-il commencé à se construire un réseau ? Dès 17 ans, lorsqu'il s'engage comme gendarme de réserve dans l'Eure, raconte Libération. Il y rencontre Sébastien Lecornu, aujourd'hui ministre des Collectivités territoriales, et qui commande une dizaine de fois son peloton entre 2010 et 2013. Surtout, il y noue une amitié durable avec le capitaine de réserve de la gendarmerie Vincent Crase, que l'on retrouvera plus tard si souvent à ses côtés.
De 18 ans son aîné, Vincent Crase sera le premier d'une série de chefs qui ne tarissent pas d'éloges sur leur protégé. En le faisant travailler à l'Elysée, Emmanuel Macron offre un tremplin au jeune homme ambitieux, qui peut se prévaloir de sa proximité avec le chef de l'Etat pour étoffer son carnet d'adresses.
Vincent Crase (à gauche, avec les lunettes de soleil) et Alexandre Benalla (au centre avec un casque de police), le 1er mai 2018, place de la Contrescarpe à Paris. (NAGUIB-MICHEL SIDHOM / AFP)
Quelques mois plus tôt, en janvier 2017, selon L'Express, Alexandre Benalla se fait initier au sein de la Grande Loge nationale française (GLNF). Ce passage chez les francs-maçons ne durera qu'un an et demi. Après sa première mise en examen, il est suspendu le 23 ou 24 juillet 2018, selon Le Figaro. De toute façon, il  "n'est venu que deux ou trois fois peut-être", précise le Grand Maître de la GNLF, Jean-Pierre Servel.
Après son éviction de l'Elysée, il continue à tisser sa toile. Le Monde l'interviewe ainsi chez Marc Francelet, ancien journaliste reconverti en affairiste controversé. Apparaît aussi, au cours de ce même entretien "Michèle Marchand, figure de la presse people et très proche du couple Macron. Preuve que dans la tempête, M. Benalla n'est pas un homme seul", épilogue le journal. Dans ce même milieu qui navigue entre presse, communication et business, Alexandre Benalla prend pour mentor, selon Le Monde, l'ex-journaliste de TF1 Charles Villeneuve, qui lui présente Jean-Pierre Elkabbach.
De quoi mettre un pied dans la galaxie du groupe Lagardère, dont l'ancien patron d'Europe fut un pilier ? Le 27 novembre 2018, le jeune homme est de la fête donnée pour les 70 ans du Journal du dimanche dans un restaurant du 8e arrondissement. Une fête où l'on croisait, selon Le Monde, le directeur de la rédaction du JDD, Hervé Gattegno, l'inévitable Marc Francelet, le conseiller spécial d'Arnaud Lagardère, Ramzi Khiroun, le ministre du Budget, Gérald Darmanin, et même l'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy. 

Autre source : Médiapart



vendredi 15 février 2019

Gilet Jaune

Ici un "copier-coller" d'une tribune "UN CONSTAT APRÈS DEUX MOIS DE MOBILISATION : ET MAINTENANT ?"
Ce texte est une excellente analyse des mouvements des Gilets Jaunes à jour début février 2019. Pas de commentaires particuliers. Ces mouvements Gilets Jaunes vont probablement laisser des traces dans l'histoire du peuple de France.
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Depuis plus de deux mois que le mouvement des Gilets Jaunes a bousculé la France, j'ai été l'un des Gilets Jaunes les plus médiatisés qui a eu l'honneur de défendre devant des millions de français l'essence de cette mobilisation citoyenne, les valeurs qu'elle incarne, les revendications qu'elle porte, l'indignation et la colère qu'elle exprime, les aspirations qu'elle crie.
J'ai rencontré des centaines et des centaines de citoyens à travers toute la France, j'ai soutenu et rejoins différentes initiatives dans lesquelles je croyais pouvoir mettre humblement mes compétences à l'épreuve et servir des initiatives qui partaient de bonnes intentions, mais qui, je dois avouer, n'ont jamais satisfait l'orientation ambitieuse que je pensais nécessaire pour rassembler le plus largement, construire une réelle alternative structurée et solide, respecter certains principes éthiques pour instaurer une véritable confiance, qui dépasse les égos et individualités et qui donne naissance à une véritable force collective.
J'ai pris la décision de prendre du recul en me retirant de l'ensemble de ces initiatives car je suis certain désormais, qu'elles ne répondent pas structurellement à ce qui est nécessaire à mon sens, sur le court terme et surtout sur le moyen et le long terme. Ce recul m'a permis d’analyser non seulement mes propres qualités et défauts, mais surtout, de regarder objectivement en face, le moment tel que nous le vivons depuis deux mois et ce que nous pouvons, ou devons faire, pour arriver à nos fins et changer notre société.
Dans la présente, je pose les bases de ma réflexion, sans avoir la prétention de détenir toute la vérité, mais néanmoins inviter l'ensemble des acteurs de la mobilisation, l'opinion publique et les citoyens, à la réflexion, au rassemblement et enfin à la responsabilité.
"Les axes de la colère originelle de la mobilisation"
Nous ne sommes pas sortis dans la rue uniquement contre une simple augmentation de la taxe sur les carburants.
Cette simple mesure fiscale portait en elle les caractéristiques principales des politiques publiques menées depuis des décennies, quel que soit le parti au pouvoir et consciemment ou inconsciemment, ces caractéristiques profondes nous ont poussés, les jours passants, à multiplier nos revendications, que le système médiatico-politique a qualifié de trop vagues, ou d’incohérents et qui pourtant sont plus cohérentes qu'elles ne paraissent.
L'augmentation de la taxe sur les prix de carburants est caractérisée d'abord par la verticalité de décision que le pouvoir en place prend sans aucune concertation et surtout sans aucune prise en compte de la réalité du quotidien des citoyens.
Ce quotidien que vivent ces millions de citoyens est la conséquence de l'incompétence, de l'incohérence et du dénis de la réalité de la classe politique qui a mené depuis des décennies, des politiques publiques qui ont eu pour conséquence la désertification dans les territoires qu’elle soit médicale, économique, des services publiques, etc…, situation qui oblige des millions de citoyens à être vitalement dépendants de leurs véhicules. Véhicules diesel en majorité, dont les pouvoirs publics ont promu la commercialisation pendant des années, malgré différents rapports et que désormais les pouvoirs publics déclarent mauvais pour l'environnement et culpabilisent ces mêmes citoyens d'en posséder. Mieux encore, on fait désormais la promotion des voitures électriques, comme si les rapports des experts sur les conséquences catastrophiques sur l'environnement n’atteignent pas les bureaux fermés de nos dirigeants technocrates. Cette culpabilisation du citoyen au nom de la défense de l'environnement, se fait dans un contexte profond d'injustice sociale et fiscale et ayant deux poids, deux mesures, où l'on ponctionne le pouvoir d'achat des classes populaires et moyennes, tout en déresponsabilisant complètement et en avantageant indécemment les plus aisés et les plus grands pollueurs. En oubliant d'ailleurs de rappeler, que ce sont les plus démunis qui subissent en premier lieu, les conséquences de la dégradation de notre planète.
Enfin, la quatrième caractéristique, le mensonge et la manipulation avec laquelle cette augmentation de la taxe a été présentée, elle devrait financer les politiques environnementales. Or, on a oublié de nous préciser que seulement 23 % de cette augmentation financerait les politiques environnementales et que tout le reste, d’une part, ponctionne le pouvoir d'achat des classes moyennes et populaires, encore plus que leurs moyens ne leur permettent et d’autre part servirait à combler les choix budgétaires réalisés par le gouvernement et notamment la suppression de l'ISF. Elle n'est pas formidable la théorie du ruissellement ?
Nous avons là donc, les 4 caractéristiques des politiques publiques depuis près de 40 ans : le mensonge, la manipulation, le manque de transparence, ensuite vient la verticalité, le manque de concertation et la non prise en compte de la réalité du quotidien, ensuite nous avons l'injustice de traitement, le deux poids deux mesures, et enfin le manque de vision, l'incohérence, voir l'incompétence.
Nous pouvons prendre tous les domaines possibles (éducation, culture, santé, emploi, géopolitique, services publics, etc…) ces 4 caractéristiques sont présentes et ont mené la France dans la situation que nous connaissons !
C’est contre ces 4 caractéristiques des pouvoirs publiques, que je me suis engagé personnellement, pas contre une simple taxe, pas pour une petite augmentation des retraites, ou du SMIC, ou bien la simple suppression de l'ISF, mais pour un changement profond du système actuel qui conduit années après années, à des décisions qui vont non seulement à l'encontre de la volonté d'une énorme majorité de la population, mais surtout, qui vont à l'encontre des intérêts même de la nation.
Et lorsque nous prenons désormais l'ensemble des revendications des Gilets Jaunes, avec la grille de lecture de ces 4 caractéristiques, on se rend facilement compte que ces revendications sont des réponses parfois imparfaites, mais des réponses logiques.
"L'irruption du réel"
C'est ainsi que des centaines de milliers de citoyens partout sur le territoire, sans aucune structuration, sans aucun recours au partis traditionnels, ni aux syndicats, dont la majeur partie des "organisateurs" n'a jamais manifesté ou participé à une vie militante ou associatif, portant ce sentiment de mépris, d'être invisible de la sphère médiatique, politique, être ignoré par le pouvoir et les élus, n'étant défendus efficacement par aucune
organisation, ont décidé symboliquement de porter un Gilet Jaune pour devenir visibles.
Du jour au lendemain, des citoyens lambda ont fait irruption sur les plateaux de télévision, jadis réservé à des technocrates, ou experts en toute matière, éditorialistes, élus, qui prêchent depuis des décennies avec le même langage, les mêmes leçons, en expliquant souvent à ceux qui sont devant leur écran, qu'ils savent mieux ce que vivent les gens et qu'ils savent mieux ce qu'il faut faire pour le bonheur des gens. Du jour au lendemain dans cette sphère, jadis complètement fermée aux citoyens lambda, nous sommes apparus, avec nos qualités et nos défauts, avec nos imperfections, notre authenticité, notre langage clair et franc, telle une libération de la parole citoyenne, une véritable irruption du réel où les discours bien-pensants des élus et experts devaient d'un coup se confronter aux témoignages et vécus précis des citoyens. L'ensemble de la classe politique fut dépassé. Sans parler des directions des syndicats qui ont attendu jusqu'au début du mois de février pour se joindre à la mobilisation, d'avantage par un calcul opportuniste.
Partout en France, sur les ronds-points, des citoyens qui souffraient, isolés, se sont retrouvés pour partager solidairement des moments de vie, d'échange, de partage, d'écoute. Ces citoyens habituellement écœurés par la "politique", se sont inconsciemment ou consciemment emparés de la "vie de la cité", portant leurs idées et aspirations sur la place publiquement.
Nous avons la responsabilité d'entretenir cette vitalité démocratique, cet intérêt pour la chose publique, cette curiosité de faire société, cette volonté de s'exprimer, peser, décider, apprendre et comprendre. Nous avons la responsabilité de maintenir le réel et ne plus attendre de simples irruptions de celui-ci.
"Ce que nous avons réussi"
Parce qu'il n'est pas inutile de le rappeler, au moment où un certain nombre de pseudos intellectuels à qui on donne la tribune pendant plus d'une heure devant des millions de citoyens sur une des chaines du service public, qui est financée par nos impôts, ne cessent de réduire notre mobilisation à quelque chose de profondément négatif, voir néfaste, à une expression haineuse et inutile.
Rappelons que des centaines de milliers de citoyens lambda et avec le soutien de l'opinion publique, ont réussi à :
- faire annuler l'augmentation des taxes sur les carburants qui allait ponctionner un peu plus le pouvoir d'achat de l'ensemble des français.
- faire annuler l'augmentation de la CSG pour les retraites de moins de 2 000 euros
- remise en place de la défiscalisation des heures supplémentaires pour tous les travailleurs français
- augmentation de la prime d'activité de 100 euros pour tous les français concernés
- la remise au cœur du débat public d'une pléiade de sujets essentiels qui avaient disparus des radars des médias, experts et de l'opinion publique : décentralisation des pouvoirs publics, la taxation des grands pollueurs, l'évasion fiscale, l'injustice sociale, la complexité de la fiscalité française, les deux poids, deux mesures entre les grandes sociétés et les difficultés de quasi survie des petites entreprises et des auto-entrepreneurs, la situation des personnes handicapées, la désertification médicale, économique et des services publics, la déconnexion de la réalité du quotidien des citoyens de "l’élite" dirigeante, la taxation des entreprises multimilliardaires étrangères en France, le quotidien des retraités et personnes isolées, la réalité quotidienne que vivent les travailleurs au SMIC, la privatisation des péages et les conséquences financières pour l'État et les citoyens, et bien d'autres sujets.
- la lumière sur les conditions de vie et d'exercice des forces de l'ordre, le manque de formation, le manque de professionnalisation dans certains domaines, le manque de matériel, les conditions de travail et de rémunération, des acquis que les policiers ont obtenus courant décembre, la question du rôle des forces de l'ordre qui sont à la fois utilisés par le gouvernement contre les citoyens et en même temps elle-même méprisée au quotidien, devant injustement supporter les décisions politiques dans lesquelles ils ne se reconnaissent pas.
- mais la lumière aussi sur les deux poids, deux mesures de traitement judiciaire qui peut être fait lorsqu'une minorité de policiers sortent du cadre légal de leurs fonctions et abusent de leurs pouvoirs et ne sont jamais sanctionnés par la hiérarchie, ni par la justice.
- l'unité, lorsque les citoyens comprennent que quel que soit leur métier (agriculteurs, infirmiers, forces de l'ordre, avocats, routiers, pêcheurs,
Ouvriers, commerçants, artisans, etc.) leurs problèmes ont pour cause le même système et les mêmes raisons.
- La mise en lumière flagrante de la centralisation avec laquelle le gouvernement comptait gouverner, en ignorant les syndicats, les députés, les élus et surtout les maires. Ces derniers qui ont retrouvé, … grâce aux Gilets Jaunes, toute la lumière qu'ils méritent en tant que premiers élus de terrain et proches des réalités quotidiennes, et dont la sphère médiatico-politique s'est souvenu, prenant conscience enfin qu'on doit leur donner davantage de moyens d'actions proche du citoyen.
- L'émergence du citoyen au cœur du débat médiatique, la prise de conscience de certains médias qu'ils ont leurs responsabilités d'avoir trop longtemps ignoré de simples citoyens en n'invitant que des gens issus d'une même sphère.
- Quoi que l'on pense du grand débat national et même s'il s'apparente davantage à une campagne de marketing pour le Président de la République, c'est grâce aux Gilets Jaunes que partout en France, pendant deux mois, des millions de citoyens pourront échanger, s'exprimer, se rencontrer et quoi qu'il en sorte de ce grand débat, il s'agira là d'une habitude citoyenne et démocratique à continuer de faire vivre, sous d'autres formes et avec une réelle indépendance et efficacité.
- Une prise de conscience, peut être temporaire, d'un certain nombre de députés, y compris dans la majorité, qu'ils ne représentent pas leur parti, mais les citoyens de leur circonscription.
- ÉVIDEMMENT : dans tout cela, le RIC, quoi que l'on en pense et même si nous devons travailler sur sa mise en place avec une proposition plus réaliste, plus crédible, un peu mieux encadré, tout en gardant le sens qu'il doit avoir, nous avons réussi à mettre au cœur du débat publique, cette viscérale nécessité de faire évoluer nos institutions dans lesquelles nous ne pouvons plus accepter que les citoyens ne puissent pas, pendant près de 5 années, décider, influencer des orientations politiques de l'État.
- Nous avons réussi je pense, à remettre dans l'opinion publique l'importance de retrouver l'Humain au cœur de notre société, où la transparence, l'exemplarité, l’honnêteté, l'esprit collectif, la dignité et tant d'autres valeurs doivent être sanctuarisés.
- Par notre approche horizontale, par nos méthodes de travail, nous avons également bousculé les partis politiques traditionnels dans leurs vieux schémas verticaux et j'y reviendrai.
- L'émergence enfin de nombreuses initiatives indépendantes qui mettent en lumière la capacité des citoyens à s'organiser et faire les plateformes, médias, assemblées citoyennes, actions de solidarité, etc. ...
- L'intérêt des abstentionnistes habituels, à s’intéresser à la politique.
- Et bien d'autres choses...
"Les certitudes peuvent conduire à la folie"
Au milieu de ces centaines de milliers de citoyens mobilisés spontanément dans l'anonymat complet, des "figures" du mouvement ont émergé à travers les médias. Certaines d'entre elles sont même présentées comme les dépositaires de la mobilisation et leurs interventions, expressions, paroles, actions, sont interprétées souvent à tort par l'opinion publique comme la représentation de ce qu'est ce mouvement et sa mobilisation. Quelques-unes de ces figures, peu habituées à la notoriété, encore moins à la politique, ou à la gestion collective d'une telle ampleur, n'ayant aucune connaissance dans de nombreux domaines liés à la gestion d'un mouvement social et son aboutissement et aussi bonnes que soient leurs intentions dont on peut difficilement douter, consciemment ou inconsciemment sur le fait de leur influence sur l'esprit de celles et ceux qui les suivent, finissent par s'ériger des certitudes avec un jusqu'au boutisme sidérant, qui ne mènent finalement à rien.
Ils ont fini par avoir l'impression que quelque chose leur appartenait, prônant en permanence le fait qu'ils ne soient pas des leaders, ils agissent pourtant dans une verticalité, prennent des décisions dans des cercles fermés, organisent des sondages orientés sans aucuns débats du pour et du contre, avec une banalisation et une simplification de tous les sujets. Loin d'être de véritables porteurs d'idées ou de visions, ils sont devenus des influenceurs de masse, sans aucune remise en question de leurs certitudes érigées et avec une incapacité à prendre une hauteur de vue sur la situation afin de transformer une mobilisation historique (par sa longévité, par son apport, par sa médiatisation, etc…) en quelque chose de véritablement constructif et sur le long terme.
Ils se disent "apolitiques", un non-sens. Apartisan, je le comprendrais. Ils décrédibilisent toute initiative qui n'émane pas de leur cercle, influençant les autres à déclencher des lynchages publics sur les auteurs de toutes initiatives nouvelles. Ils décident de qui a le droit ou pas de porter un "Gilet Jaune», qui est un vrai et qui est un faux Gilet Jaune. Ils affirment des inexactitudes intellectuelles, politiques, juridiques, qu'ils érigent en certitudes. Et malgré leurs bonnes intentions du début, leur investissement sans faille dans le mouvement depuis le premier jour, les discours sensés et positifs qu'ils peuvent tenir par ailleurs, ils finissent par me faire penser à Robespierre, qui étant l'une des grandes figures de la Révolution a fini dans une folie dévastatrice et meurtrière, emporté par une sorte de paranoïa permanente.
Et puis, d'autres, beaucoup moins virulents, et pourtant perdus, mais qui s'enferment pourtant, refusent de rencontrer celles et ceux qui pensent autrement et mènent eux aussi le mouvement vers l’essoufflement, la lassitude, et le... rien. Ils finissent d'ailleurs par leurs perditions, à se laisser de plus en plus influencer par des militants de différents partis politiques qui les approchent et qui leur soufflent "leurs" remèdes magiques à la situation...
"Les différentes tendances "Gilets Jaunes" ? "
Aujourd'hui lorsque l'on prend un peu de recul pour analyser les choses, certaines évidences sautent aux yeux. La mobilisation sur le terrain, les réseaux sociaux, les organisateurs, les groupes Facebook, rassemblent en réalité quatre "mouvances", quatre "types" d'individus. Les adjectifs que je vais leur donner, chacun en fait ce qu'il veut, vous pouvez les appeler autrement, ce n'est pas l'important.
1. Les citoyens libres
C'est l'énorme majorité de la mobilisation depuis le premier jour, qui sont de moins au moins mobilisés cependant sur le terrain les Samedis, mais continuent à suivre le mouvement et le soutenir. Il s'agit des citoyens de toutes origines, tous milieux, toutes professions, dont la motivation première est la lutte contre les 4 axes caractéristiques que j'ai évoqué au début du présent texte. Ils suivent les initiatives entreprises, veulent que les choses avancent et ne sont pas forcément attachés à un unique groupe, ils soutiennent toutes les initiatives qui vont dans le bon sens de leurs revendications et vont là où, con-textuellement, ils pensent que quelque chose se passe et peut aller dans la bonne direction. Aucunement violents, ils ne tolèrent pas la violence pour leur quasi-totalité, ils ne veulent pas non plus de confrontation avec les forces de l'ordre et se désolidarisent facilement de tout ce qui s'éloigne du pacifisme, bien que leur colère puisse les pousser ponctuellement à approuver certaines choses. Actuellement, pour la grande majorité d'entre eux, ils sont dans une situation où, de ce que j'observe, ils attendent de nouvelles approches, une autre stratégie, en tout cas, malgré leur détermination, le sentiment de l'agacement est présent.
2. Les militants infiltrés
Ils ne sont pas majoritaires, mais ils sont très actifs, ils influencent certaines figures du mouvement ou les actions sur le terrain ou sur les réseaux. Leur première motivation est la prise du pouvoir par LEUR parti, qu'ils croient seul capable à améliorer le sort du pays. Quasi exclusivement du Rassemblement National, voire de la France Insoumise ou marginalement du Parti Communiste et NPA, ils espèrent un basculement et une opportunité telle que par exemple la Dissolution de l'Assemblée Nationale.
Il faut comprendre que la dissolution de l'Assemblée Nationale maintenant ne servirait en rien les Gilets Jaunes et les citoyens mobilisés depuis le début. L'organisation des élections législatives anticipées dans la situation présente ou nous ne disposons d'aucune force politique structurée indépendante des partis traditionnels, ne servirait que le RN et LFI qui renforcerons leur pouvoir au sein de l'Assemblée Nationale.
Excusez-moi pour le peu, je ne me suis pas investi pour porter au pouvoir ni les uns ni les autres, car je ne crois pas que ces partis représentent l'avenir pour ce pays et qu'ils vont drastiquement changer la société et le système, et le citoyen que je suis n'est pas dupe, lorsque les dirigeants de ces deux formations politiques appellent à la dissolution ou qu'ils viennent flatter les gilets jaunes. Ni le programme intégral du LFI, ni celui du RN, n'est la réponse profonde. Ils font par ailleurs passer l'idée intellectuellement malhonnête que leur parti est le seul recours possible, je ne leur en veux pas, l'endoctrinement fait des ravages.
3. Les radicaux « jusqu'aux bouttistes »
Très actifs et visibles également, ils considèrent qu'il faut tenir dans la rue tous les samedis pendant des mois, voire un an, qu'il faut même parfois radicaliser les méthodes d'actions, que c'est par la confrontation et la force que le Président de la République va démissionner (encore faudrait-il nous dire ce que cela va réellement changer... ?), ou que quelque chose advienne. Leur plus grand problème c'est leur enfermement sur eux-mêmes qui les poussent à perdre toute objectivité de la situation. Enfermés dans leurs groupes Facebook sous une pluie de notifications et commentaires ils ont fini par penser que la France est en Révolution ou du moins en insurrection, sans se rendre compte en sortant dans la rue, que malgré le soutien de l'opinion publique aux revendications et idées du mouvement, l'immense majorité des français n'est absolument pas dans un esprit de Révolution, ni d'insurrection. Ils s'opposent à toutes formes d'évolutions de la mobilisation vers quelque chose de structuré et deviennent de plus en plus enfermés dans leurs certitudes devenues quasi sectaires. Ils sont dans une incohérence complète dans laquelle ils espèrent d'un côté mobiliser l'ensemble des citoyens français pour sortir dans la rue, de l'autre côté ne comprennent pas que pour cela l'opinion publique, l'image, les pratiques, les méthodes, sont essentielles pour inspirer confiance et adhésion et que le sectarisme apparent et la détermination, un poil trop radical, apparaissent aux yeux des millions de français comme un repoussoir et une méfiance. Discuter avec des personnes qui pensent différemment, condamner tout ce qui ne vient pas de nous et en même temps vouloir rassembler tout le monde c'est un peu contradictoire, voir utopique.
4. Les constructifs
Plusieurs dizaines d'initiatives positives surgissent partout dans le territoire, une trentaine d'associations locales créées, des plateformes, des groupements thématiques, des assemblées citoyennes, des assemblées de réflexions collectives, des initiatives spontanées en collaboration avec des maires locaux, des sites internet d'information ou de débats, la récolte de contributions ou de revendications, des rapprochements avec des associations engagées (santé, culture, humanitaires, avocats, etc…), des initiatives isolées d'intégration du cadre institutionnel, bref, toutes ces personnes qui tentent des choses, avec créativité, avec imperfections, avec beaucoup de sincérité, afin de trouver des solutions constructives pour servir la cause citoyenne.
"Les erreurs que j'ai commises"
La première et la plus importante, c'est de ne pas avoir pris plus tôt la décision de prendre du recul sur la situation et m'être laissé emporter progressivement dans plusieurs initiatives dans lesquelles je n'avais aucun moyen de concrétiser les idées que j'ai défendues publiquement depuis deux mois et surtout : horizontalité, transparence, projet fondamentalement constructif et rassembleur. J'ai fait des choix, par solidarité avec des gens que j’appréciais humainement, tout en m'éloignant du fondement de mon engagement initial et c'est une véritable leçon pour l'avenir.
Une erreur importante était également ma volonté de me mettre en relation avec toutes les "figures" médiatisées, en pensant que je réussirais à les rassembler, que nous pourrions tous ensemble construire. Trop d'énergie et de temps perdu et la déception de constater que les égos des uns et des autres, les différences trop importantes de méthodes et d'approches ont fini par m'associer inutilement à plein de personnes et m'opposer à d'autres, sans jamais parler réellement du fond. Ce temps perdu à vouloir rassembler, faire connaissance, convaincre, échanger, avec les "figures du mouvement" et rassembler des individualités, j'aurais dû le consacrer à rassembler toutes celles et tous ceux, anonymes, qui depuis le début se reconnaissent dans la ligne que j'ai défendue. C'est avec le recul que je comprends que finalement on s'en fiche des figures et ce qui importe c'est la cohérence et la cohésion, l'adhésion spontanée à un projet et la confiance, qui derrière elle amènera d'autres à suivre.
"Vous avez dit apolitique ?"
Depuis quelques décennies certains de ceux qui ont gouverné notre pays ont, par leurs pratiques, leur état d'esprit, leurs comportements, leurs trahisons, sali le mot "politique", devons-nous pour autant oublier son sens ?
Je suis contraint de faire un passage personnel. Tout au long de ma vie, et ce depuis l'âge de sept ans déjà, j'ai pris conscience que c'est la politique qui a dicté tout ce que j'ai pu subir comme citoyen dans ma vie. Partant dès l'âge de trois ans de mon pays d'origine, l'Arménie, en raison d'une guerre, vivant à Moscou pendant quatre ans après la chute de l'Union Soviétique et le chaos social qui régnait en Russie dans ces années, plusieurs mois en Ukraine, huit ans en Pologne traversant des années très difficiles, à la merci des décisions administratives en Allemagne pendant quelques mois et enfin depuis près de quinze ans en France. Ce sont celles et ceux à qui le pouvoir politique a été confié, ou plutôt laissé, qui ont conduit à ces guerres, à ces chaos sociaux économiques, à l'immigration, à la violence sociale et la misère, influençant ainsi toute ma vie, comme celle des millions de citoyens.
Qui décide des impôts, des services publiques, de la politique de santé ou de l'éducation, chaque journée que nous vivons au quotidien nous nous adaptons aux décisions politiques en toute matière qui sont prises en notre nom.
Lorsque nous demandons la mise en place du Référendum d'Initiative Citoyenne, nous demandons à ce que le pouvoir politique soit partagé d'avantage à travers des aspirations démocratiques. Cependant, il ne faut pas oublier qu'un référendum pour qu'il soit sérieusement organisé, il faut plusieurs mois, de débats, de propositions, d'échanges, ce n'est pas un petit sondage Facebook. Il est donc évident qu'on ne peut pas organiser tous les mois un RIC sur le plan national. Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que même avec un RIC nous ne pourrions pas éventuellement influencer sur une ou deux décisions importantes dans l'année, mais que pendant toute l'année ce sont celles et ceux qui ont le pouvoir qui prennent des décisions et orientent la politique du pays.
Il n'y a rien de pire pour le citoyen que de dire que la politique ne l'intéresse pas. Si nous adoptons la bonne grille de lecture et nous acceptons l'idée que la politique c'est la gestion de la cité et qu'à partir de là, la politique doit appartenir aux citoyens, à tous les citoyens, nous comprendrons l'urgence de s'emparer d'elle, de ne plus la laisser à d'autres.
Les "Gilets Jaunes" ont été depuis le premiers jours « politiques ». Ils ont été "apartisans", ne défendant aucun parti, mais nous sommes profondément politiques, car nous avons porté une vision de la société, des revendications, nous nous sommes emparés du débat public et donc du débat de la vie de la cité, nous avons exprimés notre volonté d'être des acteurs de notre vie et donc par conséquent, reprendre le pouvoir politique.
Un citoyen apolitique, est un citoyen qui accepte que d'autres décident de sa vie à sa place, c'est un citoyen désintéressé de ce qui détermine son quotidien.
"Les choix qui s'offrent à nous"
Voilà qu'après deux mois d'investissement je me suis posé la question sur l'issue possible de tout cela. Et voilà les choix qui s'offrent à nous si les choses continuent comme elles sont en train de se passer :
1. La Révolution ?
Je n'y crois pas un instant. Parce que je ne crois pas qu'une Révolution peut être possible dans l'avenir ? Non, je suis bien placé par mes origines arméniennes, pour savoir qu'une Révolution est tout à fait possible, y compris de nos jours et que lorsque le peuple est uni, rien ne peut s'opposer à lui. Simplement nous sommes davantage dans une prémisse révolutionnaire, qu'une révolution. Les prémisses ce sont des événements qui petit à petit, jettent des graines, réveillent les consciences d'une partie des citoyens, bout après bout, des événements qui marquent, qui libèrent l'esprit et qui font tomber le tabou de la révolution citoyenne et rendent possible, dans l'esprit de la majorité, la victoire contre un système en place. L'objectivité est de constater que nous n’en sommes pas encore à ce stade.
Ce qui m'inquiète cependant, c'est de constater que certaines personnes influentes dans le mouvement pensent qu'une révolution ne peut passer que par la violence et n'ont pas conscience peut être, que personne ne sortira réellement vainqueur d'une guerre civile ou du chaos et cela il faudrait le répéter à quelques excités qui utilisent ces termes sur les réseaux sociaux. Plusieurs générations n'ont pas connu la guerre en France, ni le chaos, ils n’ont pas conscience du prix de la paix, de la chance de vivre dans un pays qui n'est pas en guerre sur son propre sol et que c'est de notre responsabilité collective de marginaliser et de nous éloigner de toutes celles et de tous ceux qui tentent de passer le message selon lequel la violence et la destruction est la seule manière de parvenir à une Révolution. Je crois pour ma part qu'une Révolution Citoyenne est possible sans aucune violence et des exemples il y en a, mais pour cela, faut avoir une véritable approche pacifique, constructive, inclusive, un horizon, un projet, une préparation, une rigueur et une organisation, un idéal affirmé et représentatif.
2. La Dissolution de l'Assemblée Nationale ?
Espérée par LFI et RN, je me suis exprimé là-dessus plus haut dans le texte.
3. Continuer la mobilisation de la même manière ?
Essoufflement, agacement, lassitude de l'opinion publique à moyen terme, éventuellement obtenir quelques miettes et rentrer à la maison, se laisser aussi progressivement récupérer par quelques syndicats en préparation de leurs élections internes et en perte totale de représentativité qui iront négocier à leur goût l'arrêt des manifestations. Non seulement la sauce n'est pas en train de prendre, mais surtout la banalisation du mouvement auprès de l'opinion publique va finir par nous desservir.
4. Boycott des élections (pas qu’Européennes), boycott de toute structuration possible ?
Et après ? Les élections se tiennent depuis 40 ans malgré l'abstention et le boycott, les partis se placent et font leur politique. Soit les citoyens mobilisés finiront par s'abstenir, soit ils iront voter pour des partis traditionnels qui en rien ne vont changer profondément notre société. Résultat : on aura fait tout cela pour rien.
5. Constitution des associations de débats et de réflexion sans investir le champ politique ?
L'éducation des masses est l'arme la plus dangereuse pour le système, ce n'est pas moi qui viendrai porter un jugement négatif. Cela étant dit, là non plus ça ne résoudra rien sur le court et moyen terme, c'est un travail sur le très long terme. Quant au fait d'être là pour proposer des solutions aux élus, c'est très bien, mais la décision finale leur appartiendra.
"Ces blessés qui éveillent la conscience"
Depuis deux mois la liste des blessés graves ne cesse de s'allonger. De véritables mutilés, ces citoyens ont perdu pour certains à vie l'usage de leurs yeux, ou mains, ou jambes, devenant handicapés car simplement ils voulaient user de leur droit fondamental de manifester.
Les dégâts produits par l'utilisation inappropriée du LDB a soulevé l'émoi dans l'opinion publique par les images terribles, inacceptable dans une démocratie digne de ce nom.
Deux événements personnels ont marqué ma réflexion personnelle sur le chemin entrepris par la mobilisation et le choix de responsabilité que nous devons faire.
D'abord, lors d'une émission, je me suis retrouvé dans la loge avec une trentaines de blessés graves qui venaient témoigner. C'était un choc de voir ces femmes et ses hommes pacifiques, dignes, dont la vie est désormais bousculée. Un sentiment de culpabilité m'a gagné en les voyant car il est vrai que plusieurs fois il m'est arrivé de calculer tout ce que j'ai sacrifié sur le plan personnel et professionnel dans la cause, incomparable avec ce que cela a couté à ces citoyens désormais mutilés. Le choc de trop a été la blessure à l’œil de Jérôme Rodrigues, et ce, pour plusieurs raisons : l'humain est ainsi fait, lorsque cela arrive à quelqu'un que l'on connait notre ressenti est multiplié. Ce n'est pas un proche ami, ni quelqu'un avec qui j'aurais une relation de proximité, mais je me souviens des deux seuls contacts que j'ai eu avec lui au moment où il rejoignait le mouvement. Avec une motivation farouche il tentait par tous les moyens de rentrer en contact avec des "organisateurs", des "figures", celles et ceux qui savaient des choses, car après un passage à la télé des centaines de personnes lui écrivaient pour obtenir des informations, il voulait se rendre utile, renseigner les gens, mobiliser autour de lui, il tardait à recevoir des réponses, il m'a engueulé deux fois car j'ai tardé à lui répondre, après quoi il m'a adressé un message d'excuses d'un homme tellement motivé à FAIRE. Il s'est investi sur le terrain, il est devenu un relais d'information, il n'a cessé d'envoyer une image pacifiste, solidaire, respectueuse du mouvement. Malgré nos différences, le voir dans cet état, m'a vraiment fait prendre conscience que nous devions changer de méthode.
Oui le droit de manifester est un droit fondamental, oui c'est une honte d'avoir cette pléiade de blessés, oui les policiers qui ont commis ces actes doivent en répondre, oui le gouvernement a sa responsabilité, non cela ne doit pas nous faire abandonner notre cause, tout ceci étant dit cependant, pour ma part il est désormais hors de question d'envoyer des gens se faire mutiler, nous devons prendre conscience d'où viennent les décisions, nous emparer du pouvoir décisionnel et changer les pratiques et les politiques de l'intérieur !
"Le choix que je fais, celui de l'alternative"
L'alternative, c'est dont personne ne veut parler, c'est ce que personne n'ose faire, c'est ce que les partis politiques en place craignent le plus, que des dizaines de milliers de citoyens se rassemblent au sein d'un Mouvement. Qu'ils construisent en toute indépendance leur projet, qu'ils se présentent aux élections locales et nationales, qu'ils s'emparent de la vie politique du pays et qu'ils décident par eux même.
Cette alternative n'aura du sens que si plusieurs critères sont gravés dans le marbre dans son fonctionnement :
- l'horizontalité dans laquelle le citoyen-adhérent n'est pas là simplement pour aller coller des affiches, mais il décide de tout au sein du mouvement, des représentants, des projets un par un, des actions, des dépenses, des supports de communication, des orientations et des stratégies, des partenariats, etc...
Un système dans lequel les personnes qui représentent ou ont des responsabilités sont au service, peuvent être révoqués et où c'est l'assemblée des adhérents qui décide et pas l'inverse !
- Le bon sens, où nous abandonnons les dogmes, où nous décidons sujet par sujet, objectivement et pragmatiquement, le parti du bon sens et pas le parti du dogmatisme.
- L'inclusion de toute la société, des mouvements citoyens, des associations, les représentants de tous les métiers et domaines pour construire un programme issu du terrain et de la réalité,
- L'ambition de s'imposer sur le moyen et long terme comme la première force politique du pays et remporter les élections locales et nationales afin d'être en capacité de mettre en place notre programme,
- L'exemplarité et la transparence, dont les règles seront définies dans notre Charte.
- L'exigence envers nous-même, et envers notre projet.
- Etre porté, représenté, fondé, par des citoyens représentatifs de la population
Il suffit d'imaginer un seul instant, faire tous les calculs possibles et imaginaires et comprendre qu'un mouvement citoyen d'un genre nouveau, véritablement inclusif, qui se constitue dès son lancement avec un appui sur l'ensemble du territoire (et pas imposé de Paris), avec immédiatement des relais sur l'ensemble du territoire, a une très grande probabilité pour s'imposer dans le champ politique national et devenir sous quelques années l'une des principales forces politiques du pays au milieu des partis traditionnels vieillissants, engloutis dans leur système, éloignés de plus en plus des citoyens et subissant la méfiance générale, représentés toujours par les mêmes visages, les mêmes profils, le même langage...
Les abstentionnistes ne croient plus aux partis actuels et si on leur proposait de construire leur propre parti, où ils sont maîtres à bord ? Les électeurs qui font le choix du RN en pensant voter contre le système en place et si on leur proposait une véritable alternative contre le système actuel, plutôt que la maison d'une dynastie familiale qui sert les intérêts du système, dont le système se sert à chaque élection en portant le RN le plus haut possible pour à la fin gagner en invoquant le "Front Républicain" ? Les électeurs du Parti Socialiste et ses filiales ne seraient-ils pas tentés par une autre alternative où certaines valeurs de la gauche sont portées par des citoyens plutôt que les visages d'une bobo-sphère parisiennes présentent depuis des dizaines d'années aux manettes et qui n'ont pas osé lorsqu'ils sont au pouvoir, de bousculer le modèle existant ? Celles et ceux qui ont cru dans le "en même temps" d'En Marche, dans ce nouveau monde sorti de la droite et de la gauche et qui se sont réveillés en comprenant enfin que les technocrates qui nous ont gouvernés depuis des décennies, avec le soutien des élites financières, ont simplement enfanté un candidat dont la mission première était de perpétuer la même politique, ne sont-ils pas intéressés par un véritable mouvement qui part du bas, qui inclue, qui donne le pouvoir à ses adhérents, pour construire ce projet ambitieux ? Je pourrais continuer la liste longtemps.
Jamais depuis des décennies, les citoyens n'ont fait le choix de s'organiser eux-mêmes en force politique indépendante et aspirer à diriger le destin du pays. Le grand malheur de notre société c'est de croire que celles et ceux qui vivent la vie de tous les jours sont moins à même de prendre des décisions que celles et ceux qui sont formatés pendant des années dans les écoles, qui arrivent dans des cabinets ministériels, qui enchaînent en tant qu'élus, passent par un ministère et finissent à la tête de l'État.
Personne à part les citoyens de toute la France ne peuvent créer cette nouvelle dynamique et un changement profond de pratiques et de politiques.
Je ne souhaite pas pour ma part, créer un parti autour d'un seul individu et en l’occurrence moi-même, j'ai désiré poser des bases d'un mouvement dont le fonctionnement instaure tous les garde-fous pour éviter de sombrer dans les pratiques traditionnelles des autres partis et où moi-même et mon rôle seront en permanence sous contrôle des adhérents, je souhaite ouvrir une voie, construire les fondamentaux de la maison et inviter toutes celles et tous ceux qui le souhaitent à venir construire les murs, la toiture, décorer la maison, et la meubler.
Dans ce sens, j'ai pris le temps avec le recul de rédiger le "Manifeste pour l'Idéal Commun du Mouvement Alternatif Citoyen", avec les 7 socles de fondamentaux au tour desquels nous allons construire notre programme et projet. Ce sont les valeurs et idées qui m'animent profondément, et qui doivent selon moi être la base de la construction d'une nouvelle société, nationale et internationale. Derrière chaque socle énoncé il y de très nombreuses thématiques sous-jacentes et projets pour une société à laquelle, il me semble, nous aspirons tous !
Je vous invite à les découvrir dans l'onglet "Nos Valeurs" du présent site internet.
Nous avons une responsabilité historique, car beaucoup de citoyens dans notre pays ont un espoir dans un changement positif. Nous avons une opportunité historique, saisissons-la.
Je finirai par une simple question : qu'avons-nous réellement à perdre à tenter cette aventure ?
Fin du texte de Hayk Shahinyan.