Ce dimanche 24 septembre 2023, le président Macron a présenté son planning Écolo.
Ci-dessous un article de Médiapart à ce sujet.
En lien, à la fin de cet article, une vidéo du Grand Jury sur RTL où J_M Jancovici est l'invité.
Jean-Marc
Jancovici
Emmanuel Macron
s'est donc exprimé à la télévision française dimanche dernier, au cours d'une
interview dont la "sphère environnementale" semble avoir retenu avant
tout sa déclaration d'amour à la voiture. La transcription de cette interview
est disponible sur le site de l'Elysée.
Le constat majeur
est que ni les questions posées par les journalistes mentionnés dans la
transcription (Laurent Delahousse et Anne-Claire Coudray) ni les réponses du
président ne s'articulent autour d'une trame globale.
On passe de
l'immigration à l'inflation, de l'emploi à l'écologie, et des conflits/crises
impliquant la France (Niger, Mali, Arménie...) à la qualité du débat politique
sans donner le moindre élément qui permette de relier ou pas ces éléments entre
eux.
Et du côté des
questions c'est pareil : lors du passage sur le prix des carburants, les deux
journalistes font tout pour amener le président à justifier une absence de
vente à perte, sans faire le moindre lien avec les questions posées ensuite à
la rubrique "environnement".
Le "monde
physique" est donc un peu évoqué lors de la séquence environnement (et
même, pas tant !), mais pas du tout lors des conflits, de l'immigration, de
l'inflation ou de l'industrialisation, alors qu'il est un sous-jacent évident
dans tous les cas de figure.
Faut-il en déduire
que, à l'automne 2023, ni notre président ni ses interlocuteurs n'ont réalisé
que les sociétés humaines sont avant tout dépendantes de leur environnement ?
Par ailleurs il
n'y a que rarement de question portant sur les ordres de grandeur, qui
permettrait aux téléspectateurs de faire la différence entre 1 et 100. Le plus
probable est malheureusement que les interviewers ne les maîtrisent pas
eux-mêmes.
Un point important
concerne le passage sur la fiscalité sur les carburants, considérée comme
indispensable pour financer la transition. Or, si nous décarbonons, les taxes
sur les carburants sont aussi peu pérennes que l'usage de ces derniers.
Ces taxes
devraient donc être affectées exclusivement à la "sortie de la voiture à
pétrole", sinon l'Etat se rend dépendant pour d'autres dépenses publiques
d'une recette qui vise à "s'autodétruire", et cela l'incitera à ne
pas décarboner la mobilité à la bonne vitesse !
Incidemment notre
président indique que le carburant vaut cher parce que le prix du pétrole en
dollars a augmenté. C'est exact, mais depuis 2007 l'euro s'est aussi fortement
affaibli face au dollar (de 1,5 à 1 dollar par euro en gros), et comme nous
payons le pétrole en dollars la variation du change augmente aussi le prix
carburant.
Certes, des choses
intéressantes ont été évoquées lors de cette séquence (pompes à chaleur,
empreinte carbone de fabrication des voitures, réindustrialisation
"verte", etc).
Mais il reste
encore beaucoup de travail pour accoucher d'un récit global, qui est
indispensable pour la cohérence de l'action publique, et pour embarquer plus
fortement la société civile.
https://www.linkedin.com/.../jean-marc-jancovici_20h...
(par Adrien Couzinier)